jeudi 13 mars 2008

Quand...

... la fatigue nous tient.

plusieurs axes... quand on roule beaucoup, j'ai pu remarquer l'existance des trous noirs... ces moments d'absence complet lors d'un trajet... récemment, je me suis aperçu d'être arrivé à Evry, alors que dans ma mémoire, j'étais resté au niveau d'Orly... quelle bizarre impression, sans souvenir aucun, de ces dizaines de kilomètres... la réaction première est la stupeur... ensuite une inquiétude, farouchement repoussée par la réalité suivante : tout va bien, tout s'est bien passé, j'ai repris mes esprits, et je suis toujours sur ma moto... j'ai déjà ressenti ça auparavant, même en voiture, sur des trajets identiques et fréquents... est-ce la fatigue ? est-ce l'habitude et la monotonie ? un étrange mélange des 2 ?

la fatigue à moto est un élément qui m'inquiète fréquemment, au même titre que les soucis ou l'euphorie... bien que je remarque que cette fatigue a la propention de m'empêcher de lutter efficacement contre les pensées parasites que représentent les soucis et l'euphorie...

j'en ai des exemples réguliers, où je me sens assailli d'idées, de réflexions, de ruminations, qui occupent mon esprit et brouillent mon attention... ce matin n'a pas fait d'exception... boulot intense, journées précédentes longues, projection de l'ordre des travaux à terminer, un problème de compteur d'eau avec fuite potentielle à la clé, et plus généralement (c'est la suite logique de la projection), l'entretien de la maison, la gestion du capital financier, les dépenses en cours, celles à venir, les petites taquineries avec mon amoureuse, les rapports familiaux et amicaux, ... et ainsi de suite, comme un effet papillon... du coup, le monde dans lequel je me suis lancé vers 7h45, à base d'asphalte, de voitures, de gens endormis, de freinage, de changement de vitesse, de signe de mains, de bouchons, et j'en passe, un monde bien physiquement présent, ce monde devient un monde impalpable, fantôme, fait d'esprits...
Alors forcemment, quand la bulle éclate quand le conscient reprend la main parce-que ça freine devant... il y a un petit moment, très court (mais encore trop long), d'incohérence...

je me demande comment, dans quel état je vais être après l'accouchement de notre petit, pendant les premières semaines de reprise de boulot... bouh... bah... on verra bien... pas le choix...

maintenant, je ne suis pas le seul je crois... récemment, j'ai eu plusieurs exemples, comme celui du petit monsieur devant moi, qui aborde le rond point devant nous, et qui décide de le prendre en sens inverse pour aller plus vite vers la sortie qui mène à l'autoroute... si si...

ou encore le petit monsieur d'hier, "warnings" enclenchés, bien engagé dans la sortie porte d'orléans, qui une fois m'avoir vu passé, décide de faire marche arrière, en pleine heure de pointe, pour reprendre le périph... si si...

croyez-vous que la fatigue est à l'origine de ces phénomènes ? ... je ne sais pas... je reste perplexe malgré tout...

et pour finir, une petite pensée pour le film "Paris", de Cédric Klapisch, que j'ai beaucoup aimé, mais qui m'a laissé un vieux moment d'angoisse, qui ne m'a quitté que récemment... je pense que la scène de l'accident ne va laisser aucun motard indifférent, malgré le fait que le risque est admis tacitement. J'adore ses films, car toujours très vrais, avec une exacte projection de ce que nous sommes vraiment... et ce passage, même si je l'avais senti venir, je l'ai pris comme une claque, violente... mes angoisses sont remontées plein tube à la surface, le sentiment d'être vivant redevenu tellement fort qu'il en fait mal... plus d'insouciance, plus de fanfaronnade... on se sent marcher, penser, respirer, embrasser et être embrassé comme jamais... le boulot devient futile, l'argent aussi... et l'envie d'en profiter est étourdissante, le regret d'une dépense importante pour une vieille envie devient justifiée par le fait de ne pas avoir à le regretter par la suite... bref, je suis parti tous les matins avec ces images en tête, luttant pour reprendre le dessus... je suis sensible, avec mes peurs, notamment, celles de ne plus exister, de ne pas avoir fait de ma vie quelque chose qui me laisse satisfait et enclin à laisser tourner la planète sans moi... (regarder un documentaire sur la mort du soleil et de notre monde me terrifie par exemple) ... mais faire de la moto reste pourtant un des plaisirs les plus immenses que je vive régulièrement, comme le sont la musique et l'amour...

l'être est curieux... tout dans la contradiction et l'incohérence ? ...

2 commentaires:

Blogger Anouschka a dit...

Nos contradictions se nourrissent de nos peurs, de nos certitudes et de nos espoirs...
Je te dirais bien que tes questions ont un lien avec le fait de devenir bientôt père mais je ne suis pas sûre...

(Pareil que toi dans "Paris", j'avais pourtant anticipé mais la violence m'a scotchée...)

14 mars 2008 à 01:49  
Anonymous Anonyme a dit...

anoush, en fait non, ce n'est pas de devenir père, c'est quelque chose d'ancré depuis fort fort longtemps... comme un volcan qui dort et parfois se réveille sur certain laps de temps que je m'efforce de rendre le plus court possible...

14 mars 2008 à 08:49  

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